"Nique les homo fo les bruler"Le tout marqué en lettre capitale rouge sur un mur, d'un côté, grisé par la pollution et, de l'autre, jauni par l'urine des riverains. Outre le fait que la relève de l'Académie Française soit assurée pour les vingts prochains siècles à venir, j'aimerais m'attarder sur les idéologies de l'auteur.
Avant toute chose, pour bien comprendre, j'aimerais préciser le contexte de ce graffiti. Vous marchez à côté de ce qui semble être une mini déchetterie publique. Non loin de là, des logements sociaux. Vous apercevez ce message parmi de nombreux "nique la police" recouvrant quelques hommages à de jeunes inconnues, adeptes des duckface et de LA deuxième couche de fond de teint faisant office de maquillage... Donc, puisque le message étudié et les dédicaces partagent la même toile, nous pouvons en déduire que ce sont ces mêmes jeunes filles qui font les fantasmes de nos jeunes artistes en herbe (édit : à noter que si ces jeunes filles ne font pas les fantasmes de nos auteurs, elles font cependant les fantasmes des plus jeunes fortement influencés par les générations précédentes, ainsi le raisonnement reste le même). Ces demoiselles ? Jeunes, pas trop grandes, jogging Domyos, tee-shirt Baby Milo et basket Nike, maquillage aléatoire, plus ustensiles qu'utiles, rappeuses dans l'âme, vulgaires, garçons manqués entre autre ! En bref, des imitations d'une jeunesse insouciante et cherchant, tant bien que mal, à s'imposer socialement en montrant qu'elle en a dans le pantalon.
Ainsi, nous pouvons penser que le débordement de testostérone fait le fantasme de ces jeunes artistes qui n'hésitent pas un inciter le peuple à l'homophobie. Voyez ici le paradoxe.
Intéressons nous à la méthode maintenant. "fo les bruler" serait la solution proposée par l'intéressé. Compatriote, brûler des homosexuelles parce qu'ils sont homosexuelles relève des régimes totalitaires du début du XXième siècle. Des régimes contre les idées républicaines, c'est-à-dire les libertés personnelles, l'égalité et la laïcité, mais aussi, des régimes pour la haine, le mensonge, le chaos, l'anarchie, l'hostilité, la domination et la guerre. Peut être pouvons nous voir ici la limite de la démocratie.
En outre.
L'homophobie est une chose ; elle est probablement due aux louanges des valeurs dîtes "originelles", celles défendant le principe qu'un couple soit, par définition, un homme et une femme et qu'aucune autre combinaison ne soit possible. Et ce point de vue est défendable, tout comme un point de vue intégrant deux individus du même sexe dans la définition du mot couple.
En revanche, s'inspirer des erreurs passées est autre chose. Ne pas être au courant de ce qui a fait le monde d'aujourd'hui et vouloir le reconfigurer pour revenir à un ancien régime, qui plus est défectueux, cela relève du ridicule. Thomas Edison, lors de la création de l'ampoule, ne retentait pas des anciennes expériences ratées (entendez par là, les expériences n'aboutissant nullement aux résultats voulus). Avancer, tout en prenant en compte nos erreurs passées, voilà ce qu'est le progrès. D'autant plus que, dans un contexte similaire, les auteurs de graffitis homophobes, en exposant leurs idées, se rapprochent d'un extrémisme inquiétant que, pourtant, ces derniers critiquent ouvertement.