jeudi 31 octobre 2013

Le fléau

Bientôt, dans les ménages français, on parlera du manque de travail comme un fléau, à la manière d’une famine au Darfour.



Il est décent de voir aujourd’hui, en France, certains travailleurs ne remplissant suffisamment les fonctions qui leur ont été attribuées ; car ce sont ces fonctions et ces responsabilités, grâce auxquelles ils sont payés et à même de vivre en payant leur loyer, leur électricité, leurs courses… etc. L’analogie dans le milieu des services (agence de nettoyage, sécurité, grandes surfaces, conciergerie… etc.) est d’autant plus consternante lorsque l’on sait que des personnes quasi-passives sont payées par leurs clients qui, de ce fait, ne voient nullement l’avantage de souscrire à un tel service. Or, on entend dire que plus de 10% des actifs sont au chômage, c’est-à-dire, autant de personnes qui cherchent à remplir des fonctions à travers un emploi et, pour une grande partie, avec une motivation bien supérieure aux travailleurs actuels. Ainsi, un certain nombre d’actifs n’ont pas conscience de l’avantage qu’ils ont à travailler et tendent vers le service minimum requis pour percevoir un salaire, à la suite de quoi certains cas se moquent de leur clientèle pour gagner leur argent salement.

jeudi 10 octobre 2013

Analyse musicale

Screaming Bloody Murder, SUM 41


Cette analyse, faisant office de critique, est loin d'être le reflet d'un réel choix personnel : ce n'est qu'ici un essai dans le domaine de la critique, d'où le choix de cet album, datant d'il y a plus de deux ans et ainsi aucunement lié à l'actualité musicale. Libre à vous de continuer votre lecture.


Screaming Bloody Murder, ou « Meurtre sanglant et hurlant », est le sixième album des Sum 41 et sûrement l’un des plus sombres jamais composé par le groupe. Ce sont Deryck Whibley (chant et guitare), Steve Jocz (batterie), Tom Thacker (seconde guitare) et Jason McCaslin (basse) qui enregistrent en 2010 leur dernier album aux thèmes morbides et aux pensées sombres nourries par une déception immuable.
On peut parler de renouveau pour le groupe puisque cet album se détache des 5 albums précédents, notamment par son style musical – même si SBM reste globalement punk et se rapproche de Chuck et de Does This Look Infected?, il apporte néanmoins quelques nouveautés. Les chansons sont à la fois effrayantes et sombres instrumentalement, les paroles entretiennent une atmosphère horrifiante et relatent la souffrance d’un personnage torturé par la peine. Le tout nous plonge dans l’ambiance d’un vieux film d’horreur des années 90 et c’est là tout le génie de cet album qui, dans l’ensemble, s’avère être bon, très bien construit et très professionnel.
Pour résumer les 14 titres qui composent SBM, nous sommes les confidents privilégiés d’un être fini qui ne sait plus à quoi, ni à qui se rattacher pour vivre heureux et dont sa peine maladive le perd peu à peu. Et cette idée de personnage en perdition va revenir tout au long de l’album comme un leitmotiv insistant. Ainsi, le premier titre, qui peut se morceler en deux parties, nous baigne immédiatement dans l’ambiance lugubre et sombre de Screaming Bloody Murder grâce au travail remarquable (au sens propre du terme) de l’ingénieur du son durant les premières secondes du morceau. Un rythme bien connu, celui de With Me, débute cet album, comme un clin d’œil à l’ainé, Underclass Hero. Une guitare lourde et puissante accompagne la basse et la batterie : le son est plus métal, plus lourd, plus abrupte que With Me, dont la référence semble voulue. Deryck y ajoute sa voix rauque et criante afin de renforcer l’atmosphère agressive, cette dernière se retrouvera d’ailleurs tout au long de l’album. Puis, la chanson vire brutalement à la ballade avec piano et guitare en arpège, sur lesquels se pose la voix calme et posée du chanteur. Ces coupures brutales vont revenir très fréquemment durant l’album et c’est pourquoi, dès le deuxième titre, il ne faut plus s’étonner du procédé. En outre, Screaming Bloody Murder (le deuxième titre) reprend les styles musicaux habituels du groupe. Un début et une fin calmes contrastent avec le thème brutal et violent qui domine la chanson grâce au génie de la batterie qui menacerait presque de rendre l’âme tant le tempo est marqué. De plus, le vibraphone, qui tente de rester discret mais qui se veut innovant, apporte sa touche pour renforcer la perdition inquiétante. Enfin, le solo, le jeu de guitare et le chant restent dans la lignée des albums précédents. Donc rien d’exceptionnel sur ce morceau, si ce n'est quelques nouveautés.
Le coup de génie de Sum 41 s’exprime spécialement dans Skumf*k. Le morceau est particulièrement travaillé au point de vue sonore ; l’ambiance ne cesse de changer et nous perd peu à peu. Le tout va relater la folie et les pensées abyssales d’un homme. L’instrumentation sourde accompagnant un fond sonore synthétique (invitant probablement à l’image de l’épouvante d’un milieu désert et désolé) introduit le morceau qui, au fil du temps, vire à un thème plus puissant, plus rythmé et ascendant. Le refrain, qui s’avère être le climax de la chanson, nous garde à l’écart de cette folie, qui paraît de plus en plus effrayante, grâce à sa mélodie rassurante et entrainante.
Cependant, Time For You To Go et Jessica Kill, les deux titres suivants, se veulent rassurant avec les fans du groupe punk concernant le virage musical pris par Sum 41 jusqu’ici car, malgré les thèmes particuliers de SBM, le groupe canadien n’oublie pas les genres musicaux qui ont fait d’eux ceux qu’ils sont aujourd’hui. En bref, ces deux chansons relatent, certes, les propos d’un homme en souffrance et dont l’esprit malade est une désolation mais, avant tout, elles réintroduisent le punk dans ce nouvel album.
Pourtant, le groupe ne se détache pas totalement de ses thèmes sombres et même si What Am I To Say, dont l’atmosphère semble reposante et calme, évoque une certaine mélancolie, ceci ne va pas durer et le contraste, avec les titres qui vont suivre, se fera ressentir. L’instrumentation de WAITS est simple : la batterie se fait discrète, la guitare acoustique de l’introduction renforce le côté calme, le travail sonore est peut être l’un des seuls efforts du morceau... En bref, le tout rappelle Pieces de l’album Chuck et paraît être une introduction aux trois chansons qui suivent : Holy Image Of Lies, Sick Of Everyone et Hapiness Machine. En effet, ces trois dernières chansons, en plus de What Am I To Say, pourraient tout bonnement n’en former qu’une seule. Toutes relatent un sujet commun mais toutes se différencient musicalement (excepté le travail sonore, omniprésent, qui aide grandement à ajouter une ambiance sombre à ces morceaux). De plus, on note une gradation dans la progression de l’écoute. Autrement dit, plus l’auditeur progresse dans son écoute, plus la détresse inquiétante, relatée par les chansons de cet album, est perceptible. En outre, ces morceaux mélangent thèmes sournois, agressif et calme, en conséquence, les procédés musicaux commencent à se répéter, cependant l’ennui de l’album se fait assez peu ressentir ; entre autre grâce à la fin en apothéose d’Holy Image Of Lies, la batterie rythmée de Sick Of Everyone et l’ambiance infernale, à la manière de Metropolis (film de Fritz Lang datant de 1927), de Happiness Machine. Enfin, Crash conclut les quatre morceaux précédents comme ils ont commencé, c’est-à-dire, avec une ambiance calme et nostalgique et un air de ballade, à la manière de What Am I To Say, adoptant le piano, les guitares acoustique et électrique pour la mélodie ainsi que le synthétiseur et la basse pour épaissir ce son aux allures de rock mélodieux.
Le titre de l’album, « Meurtre sanglant et hurlant », prend très certainement tout son sens lors de l’écoute de Blood In My Eyes. Si jusque-là vous n’étiez pas convaincu par le côté horrifiant de Screaming Bloody Murder, BIME saura vous plongez dans le film d’horreur type : effrayant et que vous n’oublierez jamais. Le jeu de guitare, dès le début du morceau, exploite au maximum la dissonance grâce à l’usage de l’arpège et de la réverbération. De plus, l’implantation de l’orgue (symbole de l’épouvante, cf Thriller de Mickael Jackson ou encore le fameux Toccata und Fuge in d-Moll de Bach utilisé pour le thème de Dracula) durant les premières secondes renforce ingénieusement l’image du film d’horreur à travers la chanson. Mais très vite, la chanson vire au son hardrock, puissant et dynamique. La batterie, les guitares, la voix criante  et les paroles y sont largement pour quelque chose. De plus, le solo – dont l’ambiance infernale est appuyée par la batterie et son charleston ouvert – fait intervenir successivement guitares et basse dans un jeu rythmé. Enfin, la voix qui joue entre phase calme et phase agressive est soutenue par l’harmonie des voix secondaires contrastant avec l’agressivité de la chanson et la rendant un peu plus sournoise, voire glauque. Je vous invite à jeter un coup d’œil au clip, réalisé par Michael Maxxis et édité par Dylan Atkinson, par ici (âmes sensibles, passez votre chemin).
 Puis, suit Baby I Don’t Wanna Know, titre superflu d’après moi, qui réintroduit à nouveau le punk dans un album qui commençait à suivre une voie intéressante. Ainsi, il ne se différencie pas tellement de Time For You To Go. Ensuite, Sum 41 nous offre du son métallique et énergique qui pourrait plaire aux nombreux fans de metal. Avec ses arpèges dissonants, sa guitare rythmée, avec son passage harmonieux et calme, Back Where I Belong possède des qualités et des procédés intéressants notamment sa fin en apothéose avec batterie et guitare s’accordant pour clôturer cet album. Pourtant ce morceau n’est que l’avant dernier titre de SBM  et ne sert que d’articulation vers Exit Song, sobrement nommé. Précédé par un bruit synthétique, cette chanson finit ce sixième album avec mélancolie. L’orgue refait son apparition, la guitare accompagne sublimement la voix de Derryck Whibley et le fond sonore se remplit au fur et à mesure des entrées successives de la basse, de la deuxième guitare et du synthétiseur. Cette ballade très mélodieuse s’éloigne des chansons dissonantes qui ont précédé et signe la paix avec la souffrance et la paix, voici nos adieux.

Pour conclure, Sum 41 a mûri et nous le fait savoir dans cet album. Cette maturité acquise nous prouve que le groupe canadien peut faire preuve de beaucoup d’ingéniosité et exprimer un réel talent qui reste encore à exploiter. De plus, certains titres sont réellement bons : Sick Of Everyone, Hapiness Machine (qui pour ma part m’a vraiment évoqué ces films allemands de science-fiction des années 20 !), Skumf*k et Blood In My Eyes. Aussi, l’articulation de quelques morceaux est bien pensée. Cependant, le groupe n’a malheureusement pas exploité au maximum l’ambiance sombre et horrifique de leur album, peut-être que Pink Floyd ou encore Radiohead auraient été de bons modèles, dommage. D’autre part, l’ambiance très sombre de certains morceaux peut déplaire et créer une coupure entre les fans de Sum 41 et le groupe punk, pari risqué donc pour SBM. Mais de bonnes idées dans l’ensemble, des procédés intéressants tout de même et un réel talent.